TOMBEAU D’YVES BONNEFOY
par Constant Candelara

Un recueil de poèmes en vers.

Ce Tombeau est un hommage original à un poète majeur, à ses mythologies, à son art et à son existence. Il engage, de par ses raffinements prosodiques, une revitalisation maniériste du vers. On y découvre les modes de compositions sériels, combinatoires et répétitifs de Constant Candelara ainsi que le lyrisme, l’humour et la méticulosité qui lui sont propres.

“On donne au cadavre l’élégie
Qu’un globe de poudre ne lira pas
Et il est poudre dans un trou bas
Hobbit dans son lieu-dit de poudre”


J’ai rencontré Constant Candelara encore tout fraîchement étudiant en Lettres, puant le talent comme un adolescent pue l’hormone de croissance, il en débordait jusqu’à la gaucherie existentielle. Si mal avec son corps qu'il en était bouleversant de laideur et sublime par fulgurances comme des cris dans une nuit sexuelle. Ce texte est sa maturité, son plus beau, il n’a pas fait mieux depuis, c'est que les difficultés qu'il a à écrire sont faramineuses, fruits de l’exigence la plus martyrisante, et de la manie la plus castratrice : il a besoin d’une routine si infernale qu’il faut considérer chaque production comme un miracle cosmique d’alignements stellaires, ce Tombeau, son chef d’œuvre, est un cadeau, une main tendue par les dieux pour lui signifier son élection. Il en aura depuis, comme un foudroyé, perdu la raison, mais demeure ce sommet, dont les poudres ensemenceront le lecteur au delà de l’embaumé, qui n’est plus qu’une marche pour atteindre le firmament. Il y a dans ce Tombeau d’Yves Bonnefoy par Constant Candelara toute la grâce des musiques d’Arvo Pärt et Ligeti, frisson du religieux le plus laïque, chance des passants qui hantent.

Frédéric Riera

C’est un poème que j’ai rédigé avec l’horizon fantasmatique de la possibilité d’un dialogue par-delà l’au-delà de la mort d’Yves Bonnefoy, car notre dialogue nous l’avions avorté. J’ai voulu faire un texte qui serait un hommage formel et parodique, bifide à cette poésie (gardienne de la langue), un tombeau, cénotaphe somptueux et obsessionnel dans le même temps qu’un recueil de pensées, de méditations éparses, fragmentaires, morcelées et de sanglots de ce deuil inexistant puisque ma rencontre avec Yves Bonnefoy n’aura été qu’une anti-rencontre (il en existe une photo quelque part où je suis agenouillé à ses pieds et il est assis sur une chaise dans l’attitude d’un curé dur d’oreille), et il n’a jamais lu ma poésie. J’appartiens à une génération attardée qui a vu la succession des décès de ses maîtres (tous des vieillards) sans avoir eu le temps de se faire connaître d’eux. La rhétorique profonde et minimaliste — il n’accueillait rien que notre preuve — d’Yves Bonnefoy m’a inspiré dans ce qu’elle avait à la fois de révolutionnaire et d’intempestif. Cela valait ce toast funèbre : d’une parole d’ozone m’émeut quelque ample poème de toi. J’ai finalement proposé à Frédéric Riera (il m’avait fait découvrir l’Arrière- Pays ainsi que les Récits en Rêve alors que je ne connaissais encore que les Planches Courbes) de faire de la rédaction d’un poème sur ce thème un concours (je l’ai gagné). Les éditions du Lierre ont bien voulu publier ces feuillets.

Constant Candelara

Imprimé à Lyon au quatrième trimestre 2018
sur presse typographique, absinthe & poudre noire
à 150 exemplaires numérotés.

isbn : 978 2 9558354 3 2
24 p. — 6 €